Depuis 2005, les autorités publiques alertent sur le mauvais état du réseau ferroviaire, qui souffre des conséquences d’un sous-investissement chronique. Pourtant, ce n’est pas la volonté de régénérer les voies ferrées et de développer le transport ferroviaire qui manque à l’État et Réseau SNCF, l’entité gestionnaire du réseau ferré national. On fait le point.
Partager
Un réseau ferroviaire vieillissant en raison du manque d’investissements
Avec une longueur de plus de 28 100 kilomètres, le réseau ferroviaire français est le deuxième plus grand d’Europe derrière celui de l’Allemagne. Pour fournir des services à la hauteur des attentes des usagers, il doit être en permanence maintenu et adapté.
En 2005, le rapport Rivier faisait état de la dégradation chronique du réseau ferroviaire depuis les années 80, déclenchant une véritable prise de conscience des pouvoirs publics. C’était l’étude la plus complète et objective jamais réalisée sur le sujet.
Ce rapport a permis un effort de renouvellement des voies ferrées et des infrastructures à partir de la fin des années 2000. Le niveau d’investissement sur le réseau ferroviaire a atteint des niveaux historiques ces dernières années, mais s’est avéré insuffisant pour rattraper le retard pris pendant des décennies sur sa régénération.
Un sous-investissement sur la régénération
Le sous-investissement en rénovation est la principale cause de la dégradation du réseau ferroviaire. Les comparaisons internationales montrent que la France investit beaucoup moins sur la réfection de ses voies ferrées que la moyenne européenne.
Ce sous-investissement résulte d’un choix de longue date de la SNCF et de l’Etat, qui aurait donné la priorité au réseau de lignes à grande vitesse. Après 10 ans d’efforts, les investissements stagnent depuis 2016, laissant en friche un réseau ferré qui atteint une moyenne d’âge d’environ 30 ans, contre 18 ans en Allemagne.
Plus d’investissements en 2024 ?
Le contrat de performance établi entre l’Etat et SNCF Réseau pour la période 2021-2030 annonçait 3 Md€ dédiés à la régénération du réseau ferré, une somme jugée insuffisante par les observateurs. Selon eux, il manquerait au moins un milliard d’euros par an pour contrer le vieillissement du réseau hors lignes de TGV.
C’est dans ce contexte qu’en février 2023, le gouvernement a promis une enveloppe de 100 milliards d’euros d’ici 2040 pour le transport ferroviaire. L’objectif est de faire passer progressivement le contrat de performance à 4,5 milliards d’euros en 2027 pour la rénovation du réseau ferroviaire, dont un milliard de plus pour le remplacement des voies et 500 millions pour sa modernisation.
Quels projets pour moderniser et déployer le réseau ferré ?
En plus du renouvellement des voies ferrées, d’autres projets essentiels pour rendre l’infrastructure plus performante et le train plus attractif sont en cours, dont :
- l’ERTMS, un système de signalisation de nouvelle génération qui permet d’augmenter la cadence du trafic
- la commande centralisée, qui consiste à centraliser la commande des circulations via un nombre limité de tours de contrôle
- la mise en place de nouvelles lignes LGV, notamment sur le tronçon Montpellier-Perpignan
- l’arrivée de nouvelles lignes avec des trains de nuit transfrontaliers entre la France et les pays voisins
De nouveaux équipements et infrastructures ferroviaires liés à la transition écologique sont aussi à l’étude, comme par exemple :
- des rails verts, dont la production réduit de 90% les émissions carbone par rapport à des rails classiques
- des rames TER zéro émission fonctionnant grâce à l’hydrogène
- le TGV M, un TGV de nouvelle génération qui consommera 20% d’énergie en moins
Dans l'optique d'atteindre la neutralité carbone en 2050 et alors que le train est le moyen de transport le plus écologique, la France mise sur une augmentation massive du trafic ferroviaire. Reste à voir si les engagements financiers en faveur de la régénération du réseau ferré seront honorés…
Des évolutions significatives sur le réseau ferroviaire
Malgré tout, certains projets de développement ferroviaire ont pu aboutir durant cette dernière décennie. Entre autres, la France dispose d’un réseau de lignes à grande vitesse moderne et performant. Les investissements qui lui ont été consentis ont notamment conduit à des progrès notables en termes de vitesse et d’efficacité, réduisant les temps de trajet entre les grandes villes.
À titre d’exemple, les travaux sur la LGV Sud-Europe-Atlantique (SEA) mise en service en 2017, ont permis de réduire la durée du trajet entre Bordeaux et Paris à 2h04, contre environ 3h11 auparavant. De même, le projet de la LGV Bretagne-Pays de la Loire (BPL) a amélioré la desserte de la Bretagne et des Pays-de-la-Loire, avec un gain de 37 minutes sur le trajet Paris-Rennes.
Autre grand projet révolutionnaire en cours : le Grand Paris Express, qui vise à étendre le réseau de transports en commun autour de la région parisienne et à en améliorer la connectivité.