L'électrique, une priorité du contrat stratégique automobile 2024-2027

Le 6 mai, le comité stratégique automobile a signé un nouveau contrat stratégique de la filière (CSF) pour la période 2024-2027. Ce contrat fait la part belle à l’électromobilité, excluant complètement les véhicules thermiques dont on attend l’interdiction en 2035. En effet, les acteurs de l’automobile se fixent des objectifs ambitieux en matière de ventes de véhicules électriques, tandis que l'État promet de continuer à soutenir le secteur, notamment par des aides à l'achat et par le développement des infrastructures de recharge sur tout le territoire. On fait le point.

Voiture électrique moderne en cours de recharge, symbole de l'avenir durable des transports

©Halfpoint

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Le contexte du nouveau contrat stratégique

Le contrat stratégique précédent (2018-2022) avait permis à l'ensemble des acteurs de la filière automobile de prendre un virage décisif vers l'électrique pour répondre aux enjeux du changement climatique. Les crises successives, notamment la pandémie de COVID-19, la pénurie de semi-conducteurs et les tensions géopolitiques, ont démontré la nécessité de mieux maîtriser les chaînes de valeur et l'approvisionnement en énergie.

Certains objectifs du nouveau contrat peuvent sembler ambitieux, mais l'analyse du bilan précédent montre qu'ils sont atteignables. En effet, l'objectif de multiplier par 5 les ventes de véhicules électriques a été atteint malgré les crises, grâce à une offre diversifiée de 75 modèles sur le marché en 2022.

L'État a soutenu cette dynamique avec divers dispositifs d'aide à l'achat de véhicules électriques, ainsi que le programme France 2030, qui a aidé au déploiement de stations de recharge haute puissance. L'objectif de 100 000 points de bornes de recharge a pris un peu de retard à cause de l’épidémie de Covid, mais il a été atteint en mai 2023.

Des objectifs ambitieux pour les véhicules électriques

Le contrat stratégique de la filière automobile 2024-2027 s’articule autour de 6 axes principaux, qui ont chacun des objectifs à atteindre fixés par le secrétariat général à la planification écologique (SGPE). L’axe “transition énergétique et écologique” met l’accent sur l’électromobilité.

Le premier objectif de cet axe est de multiplier par 4 les ventes de véhicules particuliers 100% électriques, et ainsi de passer de 206 000 en 2022 à près de 800 000 en 2027. En parallèle, la filière veut multiplier par 6 les ventes de véhicules utilitaires 100% électriques, passant de 16 500 en 2022 à plus de 100 000 en 2027.

La décarbonation du transport de marchandises et du transport de personnes (camions, bus et cars) est également une priorité. Le contrat prévoit une augmentation rapide des ventes de camions électriques, visant une multiplication par dix d'ici 2027. En outre, pour les bus urbains, l'objectif est d'atteindre 100% d'immatriculations électriques d'ici 2035.

Ces objectifs sont soutenus par une stratégie de production ambitieuse. Dans le cadre du Green Deal, la France veut produire 2 millions de véhicules électrifiés par an d'ici 2030. Cette production relocalisée permettrait de renouveler le parc automobile français vieillissant, de créer des emplois pérennes et de répondre aux besoins croissants dans les nouvelles mobilités.

En parallèle, des dispositifs d'incitation à l'achat de véhicules électriques seront maintenus et renforcés. L'État s'engage notamment à maintenir une enveloppe annuelle de 1,5 milliard d'euros pour soutenir le marché automobile.

Un nouvel objectif de 400 000 bornes de recharge d’ici 2030

Les propriétaires de voiture électrique pourront se réjouir : le gouvernement et l'industrie automobile s'engagent à intensifier le déploiement des bornes de recharge, avec une attention particulière pour la recharge rapide sur les grands axes autoroutiers.

Le CSF auto 2024-2027 fixe un objectif de 400 000 bornes de recharge publiques d’ici 2030 et 25 000 bornes de recharge rapide d’ici 2027. En janvier 2024, on comptait plus de 120 000 points de recharge.

Le développement des infrastructures inclura aussi la recharge à domicile au sein des copropriétés. Le programme Advenir, reconduit jusqu’en 2025, bénéficiera de 200 millions d’euros supplémentaires. Pour rappel, il s’agit d’un dispositif de financement pour aider à l’installation de bornes de recharge, que ce soit à domicile, sur le lieu de travail ou sur la voirie.

Enfin, l’État compte développer les stations de recharge hydrogène pour poids lourds.

A retenir

Le contrat stratégique automobile 2024-2027 place l'électrique au cœur de la transformation de l'industrie automobile française, en poursuivant l’objectif de neutralité carbone d'ici 2050. Il fixe des objectifs ambitieux et met en place des mesures de soutien et de structuration, dans lesquelles les pouvoirs publics joueront un rôle crucial. L’un des principaux défis consistera à développer l’infrastructure de recharge pour encourager l’adoption des véhicules électriques. La réussite de cette transition repose sur l'engagement de tous les acteurs de la filière et sur une collaboration étroite avec les pouvoirs publics et les usagers.