Biocarburants : connaissez-vous vraiment leur composition ?

Vous avez sans doute entendu parler des avantages écologiques et économiques des biocarburants, mais savez-vous de quoi ils sont faits, exactement ? Nous vous expliquons de manière simple la composition et le processus de fabrication de ces carburants alternatifs, ainsi que leur impact sur l’environnement et leur usage, selon votre véhicule.

Faire son plein avec du biocarburant

©worawut/AdobeStock

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Qu’est-ce qu’un biocarburant ?

Un biocarburant est un carburant produit à partir de matières organiques, comme les plantes, les algues ou les déchets animaux. Il provient donc d’une source qui se renouvelle rapidement. Dans certains cas, à commencer par les déchets, si cette source n’était pas utilisée de cette façon, elle partirait en pure perte ou entraînerait un impact environnemental.

Les biocarburants sont ainsi considérés comme des sources d’énergie renouvelable. En parallèle, ils ont de moindres émissions de gaz à effet de serre, c’est-à-dire qu’ils libèrent dans l’air moins de CO2 que les carburants fossiles.

Les différents types de biocarburants sur le marché

Actuellement, on peut séparer les biocarburants en 3 groupes distincts :

Le bioéthanol

Le bioéthanol est un alcool produit par fermentation de sucres issus de plantes comme la betterave, le maïs ou la canne à sucre. Il peut être mélangé à l’essence, à hauteur de 5 % (SP95-E5), de 10 % (SP95-E10) ou de 85 % (Superéthanol E85). Il peut aussi être utilisé pur, dans des véhicules spécifiques dit « flex fuel ».

Le bioéthanol est le biocarburant le plus produit et le plus utilisé dans le monde. Il présente l’intérêt de réduire les émissions de gaz à effet de serre par rapport à l’essence, à condition que la culture des plantes sucrières respecte des critères de durabilité.

Le biodiesel

Le biodiesel, issu de l’huile de colza et de tournesol, est le biocarburant le plus utilisé en Europe, où il représente environ 80 % du marché des biocarburants.

Il permet de diminuer les émissions de gaz à effet de serre et de particules fines par rapport au gazole. Cependant, comme le bioéthanol, le biodiesel pose des problèmes de durabilité liés à la culture des plantes oléagineuses, avec de possibles impacts négatifs sur la biodiversité, la qualité des sols et des eaux.

L’EFuel

L’EFuel est un carburant de synthèse produit par électrolyse de l’eau, puis par réaction avec du CO2 capté dans l’air ou dans des fumées industrielles. Cette composition en fait un carburant quasi parfait sur le plan de la durabilité et de l’impact CO2.

Il imite la composition de l’essence ou du gazole, ce qui rendrait son usage simple dans des moteurs classiques, sans modification. Encore peu répandu, il présente l’avantage d’être neutre en carbone, mais à condition que l’électricité utilisée soit d’origine renouvelable. C’est d’ailleurs le plus grand défi de ce carburant.

Matière organique pour conbustion pour composer du biocarburant

Quels sont les taux d’émission des biocarburants ?

Selon leur origine, leur mode de production, le transport et la consommation du véhicule, les biocarburants ne sont pas tous égaux en matière d’impact environnemental.

  • Les biocarburants de première génération — le bioéthanol et le biodiesel — sont produits à partir de cultures alimentaires comme le colza, le tournesol ou la betterave. Ils permettent de réduire les émissions de CO2 de 50 à 70 % par rapport aux carburants fossiles. Les biocarburants de première génération sont ainsi issus de cultures alimentaires riches en sucre, en amidon ou en huile. Ces biocarburants présentent l’avantage d’être facilement adaptés aux véhicules actuels.
  • Les biocarburants de deuxième génération proviennent, de leur côté, de biomasses lignocellulosiques, soit la partie fibreuse des plantes qui génère de la sciure, comme la paille, le bois ou les déchets agricoles. Ils permettent de réduire les émissions de CO2 de 80 à 90 % par rapport aux carburants fossiles. Ils comprennent l’éthanol cellulosique, le biobutanol ou le biodiméthylether (BDME) et ont pour atout d’utiliser des ressources non alimentaires, plus abondantes et moins coûteuses. Mais ils nécessitent des procédés de transformation plus complexes et plus énergivores.
  • Enfin, les biocarburants de troisième génération — biokérosène, le biogaz ou l’huile d’algue —. Ils sont produits à partir de micro-organismes comme les algues ou les bactéries capables de synthétiser des hydrocarbures à partir de la photosynthèse ou de la fermentation. Mais ils sont encore en cours de développement. Selon les projections, ils pourraient réduire les émissions de CO2 de plus de 90 % par rapport aux carburants fossiles.

Vos véhicules peuvent-ils rouler avec un biocarburant ?

C’est bien sûr la question centrale. La réponse dépend du type de biocarburant et du type de moteur des véhicules de votre flotte. Par exemple, vous pouvez utiliser le biodiesel dans la plupart des moteurs diesel. Cependant il faut vérifier la compatibilité avec les normes de qualité et de performance du constructeur.

Notez que la plupart des voitures à essence récentes avec injection indirecte, ainsi que les modèles hybrides essence et les véhicules « flex fuel », sont compatibles avec l’E85.

Cependant, les anciennes voitures à carburateur ne le sont pas, et celles à injection électronique multipoint nécessitent d’installer un boîtier éthanol homologué. Ainsi, au-delà de 10 % de bioéthanol, des modifications du moteur sont recommandées par le biais d’un kit bioéthanol. Lequel coûte généralement entre 600 et 1400 €.